"De 1939 à la fin de la guerre, Moissac, petite ville du Sud-Ouest de la France, a abrité une maison d’enfants juifs. 500 enfants venus de tous les coins d’Europe y ont été recueillis pendant cette période, pas un n’a été arrêté, pas un n’a été déporté.
Grâce à la détermination hors du commun de Shatta et Bouli Simon, un jeune couple membre des éclaireurs israélites de France qui la dirigeaient et grâce à la complicité de toute la ville, cette maison située sur les bords du Tarn a échappé à la barbarie nazie.
Le maire de l’époque, l’ensemble de la municipalité, les habitants, les professeurs, les paysans, tous ont participé au sauvetage de ces enfants. Certains de manière active et militante d’autres en se taisant, tout simplement. Car la présence des enfants juifs n’était ici ignorée de personne."
Voir le site "Moissac, ville des Justes oubliée".
http://moissacjustes.wordpress.com/lhistoire/
Sud-Ouest - 04/11/2013
A insi Andrée Lacampagne et Henri Sarfati se sont retrouvés dimanche matin, cinquante ans après s’être vus une dernière fois. Imaginez donc l’émotion palpable à Cazats, au moment où le maire, Stéphane Gougeon, a ouvert le protocole de la cérémonie des Justes parmi les Nations dans sa commune.
Et pour lui l’insigne honneur d’accueillir en une circonstance exceptionnelle Michel Lugassy Harel, ministre près l’ambassade d’Israël en France, et Gérard Benguigui, délégué régional de Yad Vashem, pour la remise du diplôme et de la médaille de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à Andrée Goery, fille et représentante de l’ensemble des ayants droit à titre posthume, au nom de ses parents Jean et Amélie Lacampagne qui avaient aidé, à leurs risques et périls, la famille Sarfati, pendant l’Occupation.
Un acte héroïque
L’histoire retrace ici dans quelles conditions la famille Lacampagne, animée par un farouche esprit de résistance, avait accueilli et protégé dans sa ferme une famille juive parmi d’autres, les Sarfati, en les cachant aux patrouilles allemandes, pendant toute la durée de la guerre.
Tant le ministre près l’ambassade d’Israël que le délégué régional de Yad Vashem ont insisté dans leurs propos sur la nécessité d’entretenir le devoir de mémoire, d’honorer les actes héroïques comme ceux portés en ce jour par la famille Lacampagne et d’enseigner le sens de l’histoire aux générations futures.
Une émotion partagée
Par le choix de la lecture du poème « Le Badge » par une enfant de Cazats, Jane Duprat-Papin, suivie plus tard par une déclamation du poème « Les Justes », par la jeune Clémence Gougeon, la cérémonie a revêtu une valeur hautement symbolique qui permit notamment à Philippe Lacampagne, petit-fils de Jean et Amélie Lacampagne et adjoint au maire de la commune, d’adresser de sincères remerciements à tous ceux qui avaient permis le déroulement de cette manifestation.
On a appris notamment qu’Édith Gorren, artiste peintre, y avait contribué en présentant une série de tableaux inspirés à partir de documents d’époque.
Mais plus encore, la présence de Nathalie Sebag, fille d’Henri Sarfati, venue témoigner de sa plus profonde gratitude à la famille Lacampagne, ajouta une touche supplémentaire d’émotion.
Jusqu’à ce que le député Gilles Savary lui-même exprime à son tour le trouble dans son esprit « d’un enfant de l’après-guerre qui a dû attendre avant de savoir et comprendre le sens de l’histoire ». Et pour lui, l’occasion d’en tirer la conclusion suivante : « Il n’est pas de pire barbarie que celle du racisme ».
Enfin, Frédéric Carre, sous-préfet, souligna l’occasion de tirer tous les enseignements d’une leçon d’histoire, en profita pour saluer le courage et l’épaisseur de l’âme d’une famille ainsi justement honorée, et rappela toute l’importance de mener par l’éducation des jeunes, un dur combat contre la haine, le racisme et l’antisémitisme.
« L’Hakitvah » et « La Marseillaise » retentirent à la fin de la cérémonie.
pierre lascourrèges